Un apéro de festival… BIZARRE à Lectoure 26.10.2019

Le quatrième édition du festival bizarre se déroulera le 26 et 27 octobre à Lectoure. Sont présentés des spectacles, des ateliers philosophiques, des expositions, des films, des concerts. Venez nombreux à l’inauguration à la halle de Lectoure à 12h : Jeanine Biasiolo et moi-même composons un apéro bizarre sur mes tables bizarres . Avec la participation des brasseurs du Vaillant Fourquet, histoire de garder la pression !

En 2017, souvenons-nous, nous avions dégusté des toasts aux plantes comestibles et insectes le jour de l’inauguration de la première édition du festival. Certains ont plaisanté en imaginant les gersois gavant des criquets… Nous avions mangé en effet des larves, des molitors ails et fines herbes, des criquets nature (marque européenne Jimini’s, très bien pour une initiation) sur des canapés de beurre de saumon et des rillettes de canards. Il est vrai qu’au delà de la boutade et de l’incongruité, nous avions mis le focus sur une forme d’alimentation alternative (aux productions animales intensives) . Dans le pays attaché aux traditions et aux valeurs de la bonne table, ce n’était qu’un clin d’oeil.

Voyage culinaire au pays des glaçons, des pommades et des aspics…

Cette fois-ci nous sommes deux associées et trois à la préparation. Initiation à l’entomologie/entomophagie à partir de bestioles encore plus curieuses (et grosses). Tout ce qui sera consommé sera fabriqué artisanalement à partir de la nature sauvage comestible* ou acheté dans des organismes habilités (cette année nous avons choisi la marque Insectéo). Nous utilisons des produits bio ou le plus possible issus de nos cueillettes de plantes sauvages comestibles sur le chemin du Turon à Berrac, futur site du Petit Musée des plantes comestibles sauvages.

Que va-t-on manger ? Des aspics à gober d’un coup ?

Jeanine a choisi : l’alliaire, le lierre terrestre, l’âche des marais et les glaçons avec des inclusions belles et bizarres à la menthe suave, à la fleur de sureau, au basilic et cardamone, à la graine de grenade, à l’écorce d’orange, aux tagètes. Geneviève a choisi : les insectes, la tarentule, le scorpion, les grillons à l’ail et au basilic, le champignon noir kikurage (oreille de judas ou oreille du diable au Japon, ou oreille de bois en chine) et les graines de nigelles de Damas. Pour les couleurs et les goûts de saison, la base des plats est déclinée du potiron, du potimaron, du chou rouge.

Les toasts blancs mouchetés sont composés de béchamel, parmesan et feuilles de lierre terrestre, les toasts orange d’une purée de cucurbitacés et décorés de champignons . Les criquets (déjà préparés) sont à picorer avec du chou rouge ! Tous les aspics sont présentés dans des mini gobelets en bagasse (résidus fibreux de la canne à sucre).

Le respect des recommandations et des normes qu’imposent l’éthique au quotidien est aujourd’hui au coeur des questions mais ce moment est avant tout festif, un instant de mieux vivre ensemble !

Correspondances de matières, textures, goûts…

Le visuel et le gustatif se retrouvent sur la transparence, le mou, le gluant, le côté chewing gum. Les perles de tapioca géantes chinoises imbibées de sirop de cardamome, de sirop de pêche, de sirop de caramel salé sont extraordinaires et très addictives.

L’agar-agar qui remplace la gélatine d’origine animale a permis de mouler des petites formes curieuses dans des récipients recyclés et… bizarres. Pour boire, il y aura deux thèmes différents. Une boisson d’origine italienne le Spritz Apérol au véritable Prosecco avec une lichette de Pousse-rapière et orange. Les bières Vaillant Fourquet seront servies avec du Floc de Gascogne ou à la pêche.

Sans négliger les sensations gustatives, nous avons décliné l’injonction « le beau est toujours bizarre » suivant le magnifique point de vue toujours défendu de Baudelaire que nous citerons au cours de l’inauguration.

*provenant du futur Petit Musée des plantes sauvages comestibles de Berrac

https://gers160.fr

EXPOSITION Carrosserie / Geneviève Troyes

Entre carrosserie, citrouille et Cendrillon, au mois d’octobre il n’y a pas loin ! Mais plus sérieusement, chaque exposition est comme une sortie de fête,  un rendez-vous public, qui impose de se questionner soi-même sur ce qu’il faut voir du discours voilé de chaque œuvre. J’essaie chaque fois de décrypter mes « mood-boards », tableau en tôle d’aluminium , qui au fil des ans remplacent mes traditionnelles peintures sur toile. Ils ne sont pas bizarres sur le plan de la figuration ou de leur écriture plastique, mais sur celui de leur présentation en caisson, sorte de « carrosserie ». Pour leur fabrication, la machine et l’ordinateur, qui sont toutes deux autistes sur le plan du sujet, de l’écriture graphique, de la composition, du lyrisme et de la profondeur artistique, permettent d’obtenir la forme rectangle finale, une invention qui m’est propre depuis 15 ans. Ferme et définitif, le dessin s’y exprime dans une matière noble et durable. Voilà le bizarre,  cette mutation en objet, impliquant un rapport avec les autres objets comme les objets de hasard de la galerie Peau d’âne qui expose mes mood-boards dans l’espace public, dans la rue un jour de marché, dans l’épicerie bio. La transaction entre les passants et le tableau « objet mutant » à la fonction hybride, est libérée. A l’horizontale en plateau de table (cf. l’« Apéro bizarre » du 26 octobre) , c’en est fini de la pureté originelle et de la sacralité du tableau, il répond à une fonctionalité comme une pièce de design. Pourtant, s’il faut choisir pour cette chimère, c’est au fait pictural qu’elle appartient. « Peinte sur le motif », elle représente un moment unique, restituant une vision de mon univers familier, plein du vécu qui hante mon âme… surtout à Lectoure.