GALERIE CUPILLARD GRENOBLE 2000 / 2008

 

 

C’était à l’époque, aux alentours des années 2000, un grand honneur que d’être invitée à exposer dans la Galerie de la rue Voltaire chez Jean-Marie Cupillard. Les dessins et les carnets de voyage commençaient à s’accumuler dans mon atelier. Je travaillais dur dans l’enseignement du design sans penser vraiment à ma pratique artistique. Elle consistait essentiellement à peindre « en douce »,  à dessiner en temps masqué. Je ne tenais pas grand monde au courant. J’aimais les voyages Coménius organisé en Europe pour mes étudiants et trouvais toujours un peu de temps pour moi dans les grandes capitales pour croquer sur le vif.  Voir mes élèves travailler à plein  temps commençait à m’émoustiller sérieusement. Finalement, ma « crise » de jalousie a trouvé de quoi s’épancher et tout est parti d’une rencontre artistique aussi rapide que fortuite… une  histoire de rue en quelque sorte, une transaction près d’un parc-mètre, d’une pièce échangée alors que je cherchais à me garer dans ma rue préférée. C’était le 4 la rue Voltaire. 

 

 

 

 

 

Exposition 23 octobre au 12 novembre 2003 : « Partitions picturales »,

Je me suis engouffrée un peu pressée à l’intérieur et découvert de belles toiles exposés savamment dans un espace intime et sensible, qui ne souffrait pas de son exiguÏté. C’était déjà la mode des galeries extravagantes, raides et impersonnelles et celle-ci était petite, douce et soignée. On y entendait un prélude de Bach joué par Glenn Gould ou Round midnight par Michel Petrucciani et les odeurs d’encaustique et de cire sortaient du réduit derrière le rideau ou attendaient les toiles et dessins à encadrer.

Je prenais des cours de piano jazz aux ateliers de la Ville de Grenoble mais je réussissais mieux et surtout plus vite mes correspondances et envolées en dessin qu’en musique. Déjà adolescente, pour  mes études j’avais hésité entre le son et l’image puis j’ai choisi l’objet et l’espace peut-être pour un hypothétique compromis. Trop dur pour moi la musique. 

 

 

 

 

 

 

Artistes et amis pour la vie

En découvrant Grenoble, j’ai découvert une des plus attachantes galeries de Grenoble et pu confier mon travail au fur et à mesure qu’il se consolidait, et ce, pendant presque 10 ans. Notre maître à tous, homme délicat et généreux, Jean-Marie Cupillard aimait transmettre et partager. Il a  choisi, encadré, accroché, mis en lumière, encadré, sublimé, propulsé, soutenu, promu, pas mal de choses différentes que  je lui amenais. J’étais au début très impressionnée par la minutie de certains artistes de la galerie et aussi par la collection des chef-d’oeuvres de maîtres de ses collections. Il m’expliquait que je n’avais à nourrir aucun complexe et que je pouvais compter sur mon trait, mon coup de crayon. Je n’avais plus peur des erreurs de proportions et des sorties du cadre de la feuille, pierre d’achoppement avec certains profs « ringards » de normale sup où j’ai fait mes études à Paris; j’étais libre pendant des années de pouvoir parler en toute confiance avec un spécialiste, au point de vue net et précis et dont la sensibilité me convenait bien. Sa disparition un vilain mois d’octobre 2008 a laissé une petite bande d’artistes et d’abonnés des vernissages mensuels du jeudi  comme des ronds de flan, des souches, tristes orphelines dans leur art ! Un quartier entier était en deuil.

 

 

 

 

 

 

 

 

Alu art concept, âme pétrifiée et dessin dur comme fer

Je me suis effacée du quartier des antiquaires, n’osant même plus garer ma carrosserie, ma voiture dans les rues à la ronde. J’ai décidé de continuer en solo, sans galerie, ne voulant donner une suite à l’aventure sur toile. Sans décrocher, j’ai approfondi l’idée de « toile-objet en aluminium », née pendant l’été 2008, sur le pas de porte devant le parc-mètre de la rue Voltaire… fruit d’une création partagée mais dont je suis l’unique dépositaire maintenant. Je protège les dessins en préservant l’intégrité de ma démarche : je dois les choisir seule dans mes cartons à dessins qui en débordent et ne pas me tromper dans ces choix car le procédé et la mise en oeuvre des matérieux sont onéreux et complexes. Les caissons sur le mur me font penser aux encadrements de la galerie, boîtes américaines en bois et à leur large épaisseur généreuse. Ils vivent à travers le temps et longtemps.