Brillance et sensualité captivante
Dans mes expositions, j’ai essayé d’isoler le travail dans lequel je mets en oeuvre les superbes matériaux contemporains que sont l’aluminium et les revêtements industriels à l’aspect satiné ou « gloss ». C’est souvent en feuilletant les magasines d’architecture contemporaine comme « Architectures et techniques », ou « Artravel » ou « New European architecture », ces magazines capteurs de tendances, que je me dis que les matériaux issus de la technologie même s’ils sont un peu froids, ont quelque chose comme une sensualité captivante, une douceur très attirante, une rondeur, un toucher lisse qui va bien avec le corps.
Blanc
Mon petit Mac portable brille avec son blanc vernissé. J’aime bien le toucher. J’ai aussi « dans l’oeil » le dos blanc des vingtaines d’écrans Mac de l’école, avec derrière, le visage penché de mes élèves au travail (je suis prof d’art et de design). Dans « Wall E » (dernière création des studios Pixar), hier au cinéma, j’ai pu voir que « Eve » l’amoureuse du petit robot apparaît dans cette matière blanche et lumineuse, cette matière de l’espace très aseptisée mais tellement tournée vers le futur. Je préfére largement « 2001, l’odyssée de l’espace » de Stanley Kubrick et le mobilier d’Olivier Mourgue, auquel ce remake de plus fait référence. Quoi que cela signifie, ce qui me paraît important c’est de donner une expression nouvelle à mon dessin. Cette « immatérialité » donnée par la recherche des supports, des matières me passionnent en ce moment. Au musée de Grenoble, paradoxalement, je n’ai « vu » de Wolfgang Laib, le magicien du jaune et du pollen, que sa pierre de lait, première oeuvre, première salle. La référence au lait est importante dans tous les objets à la fois blancs et brillants. En digne montagnarde habitante des massifs de Belledonne… le blanc archétypal, la neige, l’immaculée abstraction des espaces enneigées, m’attirent. J’ai souvent pensé à Goldworthy avant de dévaler les pentes et de faire les traces. Oui, il y a du virginal et de la pureté à rechercher dans dans tout ça…un peu d’abstraction aussi pour les supports d’une écriture qui elle, est figurative. Une phrase de Gaetano Pesce, le plus expérimental des « architectes-artistes-designers » a retenu mon attention : « J’ai réalisé des armoires qui essayent de faire la liaison entre l’expression plastique de la renaissance italienne et le design contemporain (…) ces armoires sont figuratives c’est à dire qu’elles évoquent une image parce que selon moi, l’abstraction est une façon obsolète de s’exprimer ».
Comme si cette pratique du dessin d’après modèle, très proche du réel avait besoin d’être épurée, distillée, pressée jusqu’au substrat et surtout immortalisée. J’aime le résultat un peu raide et distancé. C’est peut être moi, en ce moment. J’ai besoin de chose qui dure, du pérenne, qui dépasse le temps et les grands coups d’éclats expressionnistes. Il n’y a pas d’âge à poser sur mes nouvelles oeuvres. Ce « best of » de dessins choisis parmi un ensemble correspondant à plusieurs dizaine d’années de pratique et d’expositions, me rapprochent des gens qui les ont inspirées : des modèles, un public d’acheteurs / collectionneurs et surtout Jean Marie C. aujourd’hui disparu, envolé dans l’immaculée conception avec mon copain peintre Jean Luc B. Elles sont gravées dans le « dur », en toute modestie je souhaite qu’elles s’expriment.
C’est vrai, je suis en train de faire des essais de techniques de transfert numérique moléculaire qui permettront aux peintures de survivre dehors au grand froid ou sous des températures extrêmement chaudes.La qualité du blanc, les brillances ne seront pas altérées à l’épreuve du temps. Finalement ces objets industriels s’opposent diamétralement à mes peintures très « bio » d’esprit, sur toile de coton ou de lin, dans lesquelles j’utilise du pigment naturel broyé à la main, « bleu de Lectoure » distribué par Sennelier, du lin et du blanc de Meudon.
Pour moi c’est fluide et ouvert, tout ça. J’attends avec impatience mes 9 dernières pièces en production, sur les machines…attendant le façonnage de finition. Les plus petits formats partent avec moi à Vilnius, en Lituanie, pour une exposition collective avec mes amis des pays de l’est, peintres, sculpteurs et designers textile.