Résister à des morts successives… On le sait depuis quelques heures, David Bowie notre génie glamour et « ovniesque » est parti lui aussi. Je m’apprêtais à aller acheter son dernier disque « Blackstar » dont le clip a été tourné il y a quelques semaines. Dire que c’est le dernier. Sa dernière métamorphose. Si ce ne sont pas mes enfants qui me procurent sa musique, c’est moi qui surveille les sorties. J’ai suivi ses débuts et trente ans de sa musique et de ses films… comme ceux de ma génération qui aiment l’art, le rock et la pop. J’ai une belle collection et il n’y a pas une seule fête où nous ne dansons sur « let’s dance » ou « Modern love ». Il vaut toujours mieux acheter le disque et manipuler ses pochettes qui sont un régal créatif. Le dernier disque concentrant toutes ses dernières énergies sera aussi beau et aussi perpétuellement émouvant que « Bleu pétrole » de Bashung qu’il ne vaut mieux pas écouter les jours de spleen. On sent que le départ est proche et que la voix est profonde et définitive, les textes démesurément poétiques et planants. Le clip est sidérant, lunaire, mystique, ironiquement religieux. Les tressaillements musculaires des danseurs représentent-ils les convulsions et les souffrances de la maladie ? La lutte pour rester en vie ? Cette fiction macabre ou crucifixion évoque-t-elle celle de Daesh ? La punition ultime ? Ces musiques de la fin, très cosmiques et symboliques… et que nous aimons passionnément nous mettent en relation avec ceux que nous avons perdus. Elles nous donnent paradoxalement envie de vivre le plus longtemps possible pour profiter de ce dont elles racontent. L’art, la couleur, la mode, le théâtre, de design à travers la musique, la vie : sa musique devait « ressembler visuellement à la manière dont elle sonne ».
Des photos plutôt que des larmes « vérité de l’instant »
C’est drôle, hier le temps était maussade, le ciel gris, la journée agréable et calme. Nous avons décidé de nous rendre au Musée. Pas de montagne, la pluie, le vent, les tableaux comme remontant… Le musée de Grenoble expose jusqu’au 7 février « Geogia O’Keeffe et ses amis photographes » Alfred Stieglitz, Paul Strand Edward Weston, Eliot Porter, Ansel Adams. Alors qu’en classe avec mes BTS, je suis en train de voir les années 20 et l’arrivée de l’abstraction dans les avant-gardes, je redécouvre les photographies abstraites au Musée où je dois absolument amener mes étudiants. La « straight photography » la Photographie Sécession américaine de la galerie « 291 » à New-york est en harmonie avec l’oeuvre de O’Keeffe. Le regard qui se pose sur son sujet, des fleurs, des coquillages, des corps, des fragments de paysages urbains, se pose sur des structures, des formes du monde réel et sans artifice, »vérité de l’instant ». En sortant de l’expo, je suis submergée. Je me suis laissée porter par les photos à la simplicité formaliste de Paul Strand et je m’y essaie à nouveau (je revis mes études à Paris et mes heures de labo en noir et blanc) en recherchant la beauté d’objets que j’ai l’habitude de photographier. Les photos de ce dimanche sont une épure par rapport à d’habitude. Je pense aussi à mes fleurs sur les murs, iris, pensées, hibiscus, jonquille. Elles sont si tumultueuses à côté de celles de Georgia O’Kieffe. Je kiffe. On verra la suite des mes dessins et peintures, si une seule exposition peut jouer à part entière pour me faire laisser un bout de mon obsession du trait. Le clip de Bowie révélé pour la première fois ce matin par le site de Libération est somptueux, très anglo-saxon lui aussi, très symbolique également, aspiré vers le ciel, éthéré et qui touche l’âme.
Le clip de « Blackstar » de David Bowie
L’article de Libé sur David Bowie.