DU VENDREDI 27 AU DIMANCHE 29 OCTOBRE À LECTOURE (GERS)
Mairie de Lectoure, 11 heures : je vous invite SAMEDI 28 OCTOBRE 2017 à notre Mix Apéro avec LA BRASSERIE VAILLANT FOURQUET.
FOOD ART / THÈME : BAUDELAIRE « LE BEAU EST TOUJOURS BIZARRE »
« Le beau est toujours bizarre. Je ne veux pas dire qu’il soit volontairement, froidement bizarre, car dans ce cas il serait un monstre sorti des rails de la vie. Je dis qu’il contient toujours un peu de bizarrerie, de bizarrerie non voulue, inconsciente, et que c’est cette bizarrerie qui le fait être particulièrement le Beau. »
Avant, deux mots sur les créateurs de la bière « bizarre » (arômes marqués et différents, recettes avec plein de variété de houblons, des goûts nouveaux) que nous rendrons bizarres (en tout cas « originaux ») en les associant à du food-art ! Merci à eux d’avoir accepté. Nicolas Glévard, Yann Roumégoux et Sébastien Biasiolo dirigent à trois une petite brasserie installée à Miradoux :
« C’est un vrai plaisir d’imaginer une recette, de la réaliser à partir d’ingrédients de qualité : malt en grain et houblon en cônes, pour enfin goûter la bière qui en découle et pouvoir apprécier le mariage des saveurs qui s’opère au cours de la fermentation ». Il existe :
- LA TROUBADOURE = blonde, florale et estivale 5,8%
- LA SATINÉE = blonde triple grain, douce, soyeuse 5,8%
- L’ÉPI-CORSÉE = ambrée, intense et moelleuse 5,8%
- LA CHOCO-BISCUIT = rousse, torréfiée et conviviale 6%
- LA DISTORDUE BLANCHE = blanche, fraîche et fruitée 5,8%
- LA DISTORDUE NOIRE = noire intense et torrifiée 5%
Comme chaque fois à Lectoure, c’est une petite expérience qui tourne un peu à la performance dans le temps mais qui demeure une rencontre impromptue et intense. Occasion de créer en collaboration avec Jeanine Biasiolo qui s’occupe de mon travail dans le Gers. Moi qui ferais bien volontiers l’éloge de la lenteur, j’ai imaginé cette fois-ci une exposition « éclair » (les dates ne m’étaient malheureusement pas favorables). Je n’assisterai donc malheureusement pas à la totalité du festival. Profitons donc de ce moment convivial, venez nombreux et utilisez le « bouche à oreille ». Rendez-vous à la Mairie dans la salle des Pas-Perdus et peut-être dans le jardin de l’hôtel de ville (suivant le temps), dehors tout à côté.
www.facebook.com/festivalbizarrelectoure
« DU LOUCHE À LA LOUCHE… »
« Que dirais- tu d’un peu de désodorisant frit à la vinaigrette ? » proposai-je à ma femme. C’est une plaisanterie qui tombe à plat entre un mari et sa femme pris de fringale devant un frigidaire à moitié vide, dans un roman d’Haruki Murakami « L’éléphant s‘évapore ».
Nous allons prendre l’injonction « Festival Bizarre » au pied de la lettre en proposant un apéritif étrange sur des tables tout aussi inhabituelles. Nous grignoterons et boirons un « mix-apéro » d’insectes et breuvages décalés sur des tables graphiques travaillées sur des supports high-tech adéquats, sorte de « tableaux en tôles ». Une manière de passer des messages très « arty ». De quoi stimuler l’esprit et les sens, visuels, gustatifs et tactiles.
Nous allons faire picorer des toasts écologiques, dans un esprit plus utopique que technique (nous ne sommes pas des chefs; les recettes sont connues), de la manière la plus novatrice possible pour s’amuser avec le thème. Il y a aura à boire et à manger un peu de « botanique comestible », gersoise ou iséroise : nigelle, fleur de roquette, fleur de bourrache, menthe, capucines. Nous avons augmenté la diversité culinaire en mariant les traditions régionales du terroir à des mets très Halloween !
Ce Mix apéro sans prétention, peu dispendieux, va peut-être quand même permettre à certains un baptême culinaire futuriste. « Deux milliards d’humains consomment déjà des insectes […] et les ont intégrés à leur culture ». Bizarres mais bonnes les bébêtes : fibres, Omega-3, vitamines. Les insectes ne mangent presque rien, ne consomme pas d’eau et ne produisent pas de gaz à effet de serre. Tout le monde dit « burk » mais comme dirait Coluche, « ce n’est pas parce qu’ils disent tous la même chose qu’ils ont raison ». En résumé, une chose n’est pas forcément belle ou bonne, laide ou mauvaise, normale ou bizarre, parce que tout le monde le pense. Avec un peu de philosophie et beaucoup de relativité, la notion de bizarre est bien complexe à représenter.
NYOTAIMORI OU NANTAIMORI ?
Au japon, depuis le moyen-âge (maisons de Geishas féodales), il existe un divertissement pour les yakuzas, repris à l’époque d’Édo de manière élégante, un art de manger des sushis sur le corps d’homme (nantaimori) ou de femme (nyutaimori). Attention : les sushis sont placés très soigneusement sur une feuille de bananier ou un support pour ne pas être en contact avec la peau et rester propre. C’est seulement en 1990 que cet art du Pacifique arrive aux États-Unis, « oh, my god ». Il existe même des restaurants où les employés passent un test hépatite par sécurité. En cherchant sur le web, j’ai trouvé des éléments intéressants au sujet d’une certain Mark Scharaga qui dit faire passer cet art de la table un peu spécial du sordide à l’élégant, en rendant attractive la nourriture et non l’inverse. « Nous ne vendons pas du sexe, mais une expérience culinaire avec une belle femme ou un bel homme ». Mais me direz-vous quel rapport avec le mix apéro ? Nous allons prendre pour support des corps dessinés, de femmes et d’hommes. Ce ne seront pas des objets réels mais figurés, seule la dégustation sera bien réelle comme la volonté de faire acte de présence. Aussi réelle que le criquet grillé sur une fleur de roquette que vous savourerez peut-être avec une bière distordue blanche. Ou bien encore le Molitor à l’ail et aux fines herbes sur du tartare d’algues et beurre de saumon fait maison. No stress… tout va bien se passer.
Pour rester dans la référence japonaise après le Mix Apéro, à lire « Romanée-Conti », roman de Kaikô Takeshi*, un des plus célèbres auteurs japonais contemporains (reporter, essayiste, critique d’art) dont l’œuvre communique la joie de vivre et son intérêt pour la gastronomie. C’est en effet parce que le Gers est le pays de la gastronomie que nous avons eu l’idée de faire partager nos interrogations sur le « bizarre » de cette manière… L’aspect critique est un peu présent dans le dispositif, pointant bien sûr les aberrations du « junk-food » (la mal-bouffe) et des food-truck (camion-magasin) qui, même si nous les aimons, chassent petit à petit la vraie cuisine. Depuis quelques années, je crée mes « Mood-boards », tables-dessins en tôle d’aluminium, brouillant les pistes moi aussi ! « Bizarre, vous avez dit Bizarre ? »
*Takeshi Kaïkô
Livre : Romanée-conti
Éditeur : EDITIONS PHILIPPE PICQUIER / résumé du livre :
« A Tôkyô, un dimanche après-midi, deux hommes absorbés dans la dégustation cérémonieuse d’une vieille bouteille de bourgogne Romanée-Conti 1935, usant de gorgées comme de ponctuations, poursuivent jusqu’à la lie le long texte désordonné de leurs souvenirs au fond d’une bouteille, ou bien la saveur d’un amour endormi. Par un des plus grands écrivains japonais contemporains. cf. site Babelio