Gasconnades : « E que’t vòi aimer tostemps ! »

Et je veux t’aimer toujours

Cet été, je profite de tout ce qui fuse dans mon village d’enfance, Lectoure. Mes deux bien-aimés parents disparus ces derniers mois, la main droite cassée, la température caniculaire : le contexte est posé et je suis touchée, transie, étonnée. Les traditions occitanes sont fêtées l’été pendant Les Gasconnades. Dialecte, danses, repas, musiques et passe rue un jour de marché suffisent à attiser le fameux amour du pays… E que’t vòi aimer tostemps !

A fond dans la ruralité

L’été photographique 2019 de Lectoure, événement de renommée, met lui aussi à l’honneur la ruralité à travers cinq lieux d’exposition et cinq points de vue sur l’importance du patrimoine matériel et immatériel qui constituent le socle de chaque individu exprimant comme dirait Michel Serres dans Petite Poucette l’être unique que nous sommes.

Depuis deux mois, Peau d’Âne avec son extension impromptue l’Annexe voisine, épicerie bio de la rue nationale, expose des caissons mat ou brillants qui représentent mes rustiques natures mortes (tomates, pêches, fraises de saison, il n’y a que ça de frais, de vrai, de bon, de naturel) au feutre, acrylique, aquarelle. Ils vivent naturellement dans la rue avec rusticité, dehors accrochés à la devanture et à l’intérieur sur le parement en planches naturelles non dégauchies de l’épicerie. Ce mode d’exposition alternative correspond à ma pratique, fondée sur l’observation du modèle réel. Ce sont des croquis pris au vif, sur le motif, hors de l’atelier.

Peau d’Âne, objets de hasard

À la galerie, figurent simultanément, La cathédrale St Gervais, des corps nus crayonnés d’après modèle. Comme d’habitude, j’adore la liberté de l’accrochage, la sensibilité émanant du mélange de tout ce qui touche à l’humain, sans jugement.

S’est cristallisée une grande émotion. Mon esprit fût cet été beaucoup plus perméable à la musique, à l’histoire des « lieux de ma vie », aux gens et à leur histoire personnelle, au charme de l’indispensable nature que pourtant les humains s’entêtent à faire souffrir. Cela donnera peut-être des dessins ou des objets, en tout cas des idées, pour le prochain rendez-vous à Lectoure les 26 et 27 octobre dans le cadre du Festival du Bizarre 2019. Je ramène des textes fondateurs écrits en gascon et les chants pyrénéens, poétiques et éthiques de Las Mondinas, trio féminin. À la Missa dey dimenge, j’ai pu capté sur mon smartphone, main gauche et dans la poche, quelques secondes de musique sacrée interprétée par orchestre insolite à l’occasion des Gasconnades, composé de la grande orgue, de plusieurs cornemuses, flûte à trois trous, violons et tambourin à cordes. Instant sacré.

Les fruits sont mangés, mais les images qui ont capté la lumière de leur gourmandise demeurent et écrivent une page de plus passée dans la douceur du Gers.

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