Un blog, écrire une histoire du présent

Je fais un blog… voici le premier billet


D’accord, vous voyez,
 je vais tenter l’impossible, écrire mon blog, essayer de me « dépersonnaliser » devant cet écran.
Je vais essayer de dire quelque chose  en essayant de me fondre dans ce que je vais vous raconter. Histoire de ne  raconter que le présent, seulement le présent,  puisque dans le site, il y a l’histoire. On peut s’interroger sur le pourquoi d’un blog. Je suis complètement démunie, et le blog fondé sur rien pour l’instant. Je me dis cependant qu’écrire sur ma peinture c’est faire « évènement » autour d’elle et peut-être dire qu’elle est pertinente, la défendre, la diffuser.

Chez moi, le passé et le présent se touchent  :  je continue toujours les dessins de nu d’après modèle depuis mes études d’art, sans envie de changement.  D’accord, dessiner des corps c’est peut-être classique . Moi je vois ça comme une résistance. C’est même assez original  dans l’uniformisation, le dessin, dans l’uniformisation des images des média. Je rigole encore des nouvelles directives qui consistent à remettre le dessin d’après modèle (après l’avoir supprimé pendant 20 ans) dans les nouvelles epreuves des concours d’entrée des écoles d’art et de design. Avec quelquefois, une epreuve d’ostéolologie / myologie. Le dessin fait-il défaut ?  Manque-t-il ? Et à qui ?

Je disais que rien n’a bougé chez moi. Non, il y a des choses qui ont changées : les supports. Mes tôles. 100 % de l’alu, peinture et vernis céramique. Fait en usine.  L’espace. C’était inévitable. Faire des grands dessins, sortes d’épures gigantesques sur une matière lisse, bien blanche, satinée ou brillante comme du papier et les mettre dans l’espace m’est apparu comme une évidence  il y a environ deux ans devant une oeuvre fascinante de Goa Xingjian. J’ai eu envie de prendre le « large ». Dans le même temps j’ai vu à Budapest 400 dessins de Rembrant, 400 gravures du même autoportrait sur une feuille couleur coquille avec comme seule accroche un gris anthracite foncé. Plus on regardait des dessins, plus l’exposition s’égrenait et plus  on cherchait le sens de cette série immense, moins on avait de chance de la trouver. Cette déclinaison renversante en noir et  blanc mettait en valeur le regard, la physioniomie, le sentiment de solitude que Rembrandt avait pu ressentir à se peindre dans tous les détails. La chevelure bouclée ou la ride au coin de l’oeil . On se trouvait « face ». Le trait était impéccable, toujours amélioré au fur et à mesure des versions. Ce fût un choc car ce que j’aime dans le dessin, c’est ça. Capturer l’instant. Tout s’articule à partir de cet instant où par l’observation ce qui passe par l’oeil se prolonge dans la main qui à son tour produit le geste. Définitif. Rembrandt  enraye la fugacité des techniques et des couleurs et « re-matérialiser » l’être qu’il dessine en recentrant sur l’essentiel.

Mais comment chercher l’essentiel, le fondamental ? Jr cherche quelque chose de simple, e contemporain, qui ne serait pas  bouffi d’orgueil ou surenchère de virtuosité. Trop ci, trop ça.  Mais  difficile de trouver le moment où changer, et quelle ligne d’action choisir pour soi même. Et quand le faire, comment le faire. Entre temps j’ai vu J.Marie Cupillard,  galeriste, toujours d’aussi bon conseil dans ces moments là. Je lui ai confié l’idée d’utiliser  un nouveau medium – l’image numérique –  un peu comme Warhol la sérigraphie afin de décaler, de transposer le dessin et le rendre ambigu, mystérieux et « absolu » par un changement d’échelle pour zoommer sur le geste. Je décide de produire une autre image avec la même image et de faire coexister différentes  images « cultes » dans des séries. Les nus apparaitront sur un corps étranger et  froid. Là on verra tout de mes pensées graphiques au moment où je les ai eu : le message est là, dans la matière vivante et ce culte de l’ordinaire et extraordiaire du corps. Une jambe, un cou, une bouche. Le dos aussi est intéressant. Tout m’intéresse car à un moment le corps devient abstrait, complètement abstrait. J’ai l’impression de décliner un archétype.

Pour rendre ce changement notable, il fallait une matière noble, capable de présenter l’épure. L’idée de la tôle, utilisée en signalétique, a permis de rapprocher mon travail du design. Je présente aujourd’hui une sorte de « best of » de mes dessins dans une perspective nouvelle. Toutes les causalités sont ici réunies. En effet, d’un côté j’enseigne  le design, et de l’autre, j’explore ce même design dans une perspective artistique, dans une  recherche plastique à part entière. Ce  parti-pris de présentation industrielle, et son corollaire, la notion de série, me convient. J’utilise mon ordinateur pour créer les images, passer d’un univers à l’autre et de la peinture au design.

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