« NATURE VIVANTE » exposition à l’Office de tourisme d’Uriage

 

 

hibiscusDu lundi au vendredi 9h/12h & 14h/17h, près du Casino d’Uriage

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« Nature vivante ».

« Une authentique nature morte naît le jour où un peintre prend la décision fondamentale de choisir comme sujet et d’organiser en une entité plastique un groupe d’objets. Qu’en fonction du temps et du milieu où il travaille, il les charge de toutes sortes d’allusions spirituelles, ne change rien à son profond dessein d’artiste : celui de nous imposer son émotion poétique devant la beauté qu’il a entrevue dans ces objets et leur assemblage. »

Charles Sterling, 1952

 

 

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A la base « Nature morte » désigne un sujet fait d’objets inanimés. C’est un terme de beaux arts comme « modèle vivant ». Comme le nu est mon sujet de prédilection, j’ai contracté les deux termes « nature morte » et « modèle vivant ». J’aime mieux le terme utilisé à la renaissance par les Italiens : cose naturali (choses naturelles). Dans ces objets qui ne bougent pas, la vie est pourtant là et elle me fascine. J’aime la capter pour qu’elle anime mon dessin. Je ne suis pas obsédée par la recherche d’un sujet mais plus par celle d’une expression. Je ne suis pas en train de dire que le message n’existe pas dans ma peinture mais disons que la forme même renvoie à un univers d’objets et de choses de la vie ordinaire, des lieux communs.

Quand j’installe mes expositions, j’ai la sensation d’ouvrir un carnet de notes, un pense-bête visuel pour ne pas oublier. L’essentiel. Le proche. J’y ai consigné l’essentiel des sensations. Ce sont des sortes de pages d’écritures. Des pages dans lesquelles retenir « les phénomènes », les qualités des choses, les effets et les sensations fugitives, les expressions des visages ou les mouvements des corps. Médusée par la vie. A la mer, à la montagne, dans un jardin ou dans la ville. Dans un musée. Peu importe. Ce sont des relevés. Dans les capitales européennes Barcelone, Vienne, Budapest, Berlin, Londres, Rome. Un monde actif, plus lointain, un véritable chantier architectural mais aussi politique et social mais, laissant toujours de la place à l’art (ouf, heureusement…). Je n’ai jamais exposé mes carnets de références dans lesquels j’évolue avec mes élèves de design, au milieu des créateurs et des créations anciennes ou contemporaines. Je partage avec eux, et avec d’autres passionnés, l’amour du sensible. Par exemple lire avec eux du Jim Harrison dans un monde naturel idéal… ou faire de la cuisine une expérience vivante, avec des aliments qui cessent d’être anodins ou interchangeables, couleurs, odeurs, saveurs, « répartir la semoule dans les assiettes, disposer les légumes, les carottes… »etc. Se retrouver dans le creuset de l’expérience sensible. Comment aujourd’hui ne pas penser à Noël Filippi, artiste et décorateur fabuleux et un tendre amoureux des matières et des couleurs, qui vient de nous quitter cette semaine ? Il était pour moi non seulement un ami mais aussi un maître, un artiste véritable capable de faire une merveille avec un bout de ficelle, capable de faire feu de tout bois dans chacune de ses créations. Son sujet : la forme minimale. Au lieu d’imiter, de copier la nature qu’il affectionnait aussi dans son travail de décorateur paysagiste, il synthétisait une forme après avoir observé, après avoir relevé le meilleur côté de l’objet en question pour en faire un signe. Un signe qui signifiait encore l’objet mais sans le plagier, l’imiter. Il n’en gardait que la substantifique moelle, sublimée sous des aplats de couleurs profondes et sourdes. Une écriture magique et très reconnaissable. Triste ou pas triste, le monde… toujours en tirer un effet positif, toujours sublimé, transformé. « La vie est un jardin » dont on s’occupe infiniment…

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De parler de Noël Filippi m’amène à la pratique de Bill Viola qui décrit ses premières bandes en citant Marshall McLuhan : « Le médium, c’est le message », c’est-à-dire que le sujet, ce qui est mis en scène, c’est la technologie vidéo elle-même. Comme le serait la photographie, ou le graphisme, le dessin ou la peinture pour elle-même. La démarche de Viola est intimiste pour exprimer son cheminement émotionnel et spirituel. Il n’hésite pas à donner des images de lui-même ou de sa famille pour exprimer des sujets universels comme la vie, la mort, le sommeil, le rêve, l’eau, le feu, le désert… »1991″The Passing » bande vidéo et réflexion sur la vie et la mort, en réaction, la mort de sa mère et de la naissance de son deuxième fils.

Mes dessins représentent l’univers familier dans lequel j’évolue comme si je voulais le montrer, « rendre visible ». Mon écriture personnelle est comme une antidote, une réponse à la « perte de soi » dans le monde des codes et des messages standardisés dans lequel nous évoluons. Je fais en sorte que, par volonté ou par hasard, les tâches dominent, en renvoyant tour à tour au fond ou à la figure, en brouillant la lecture directe. Mais en permettant à celui qui regarde d’identifier mon sujet, l’objet et le support d’étude. Je pars de d’observation des formes, des matières, des couleurs en dessinant toujours d’après nature, sur le motif. Cela permet d’acquérir une rapidité d’exécution et une grande facilité dans l’analyse des sujets à peindre. Cette pratique, comparée au travail en atelier et d’après une photographie, oblige à cadrer soi-même. Sur la toile ou la feuille de papier, l’espace en 3 dimensions est projeté en 2 dimensions. Les couleurs sont vraies car la luminosité peut varier rapidement. Le dessin est ouvert à qui sait regarder, observer, restituer. Et dans le fond ce n’est pas la référence « aux canons » de la beauté (!) qui compte mais bien la justesse de l’observation et le brin d’humilité qui fait du dessinateur un petit homme insignifiant et démuni dans le grand espace des créations humaines ou naturelles. Dans le monde.

En cherchant l’abstrait, je ne parviens finalement qu’au figuratif. C’est comme ça mais dans le fond, ma peinture est accessible. Tous les peintres essayent de faire parler « les choses » (fleurs, objets du quotidien, paysages, animaux) sur la trace des maîtres anciens Brughel, Rembrandt, Chardin, Delacroix, Van Gogh ou contemporains Lichtenstein, Warhol. Pour s’amuser ou plus sérieusement. Sensible et profond, Goa Xingjian, plasticien et écrivain contemporain de l’âme dit à ce propos : « L’artiste pour conserver son indépendance doit revenir à l’individu, aux sensations et aux sentiments personnels. »

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Les peintures de l’exposition font partie d’une commande pour l’aménagement de hall d’immeubles et de bureaux à Castelnau-le-Lez, Vendargues et Sète.

Programme ‘immobilier « de Vestia promotion » à Montpellier. Merci aux concepteurs et décideurs de prévoir des collaborations architectes-artistes et de contribuer à donner une dimension culturelle à leur création urbaine.

Les dessins sont réalisés sur de la tôle d’aluminium par des procédés technologiques issus du numérique. Ils peuvent être placés à l’intérieur et à l’extérieur.

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